Bouleversantes, magnifiques, émouvantes ou tout simplement splendides. Les élèves de cinquièmes et de rhéto du Collège Sainte-Croix de Hannut ont frappé fort pour la Journée internationale des droits des Femmes.
Le 8 mars, le monde célèbrera une nouvelle Journée internationale des Droits des Femmes. Pour l’occasion, le centre du planning familial L’Oasis Familiale de Hannut a organisé un atelier très particulier. L’idée est simple: demander aux élèves de cinquièmes et sixièmes rénovées du Collège Sainte-Croix de rédiger des lettres.
Une lettre adressée à une femme qu’ils admirent ou qu’ils remercient, une lettre à la femme qu’elles seront dans 20 ans ou encore une lettre sur ce qu’est être une femme en 2021. Des lettres qui, au final, prennent aux trippes. Parce qu’elles sont justes, fortes, tellement personnelles et bouleversantes sur la réalité de leur existence dans le monde d’aujourd’hui.
Ces lettres seront encadrées et exposées, anonymement, dans les commerces de Hannut. Elles seront même remises aux clients le 8 mars et dans les jours qui suivent. Trois artistes vont aussi les représenter par des œuvres, avec une peinture, une céramique et une sculpture, qui seront visibles dans les magasins inoccupés.
« Comme des animaux dans un zoo »
Les élèves avaient jusqu’au 24 février pour envoyer leur courrier. Certaines de ces lettres nous sont parvenues afin que l’on vous en relaye le contenu. Par respect pour tous les auteurs concernés et pour la belle action menée, nous ne vous en donnerons que des extraits. Allez les lire en entier dans les commerces, elles le méritent amplement.
Certaines s’interrogent aujourd’hui sur ce qu’est être une femme à notre époque. Avec, parfois, des constats difficiles. « C’est se comparer tout le temps avec les autres filles quand on regarde Instagram ou les réseaux. On aimerait se dire que ce n’est pas la réalité mais au final, on a quand même toujours envie de ressembler aux filles qu’on voit sur les écrans », témoigne une élève.
« Et si je ne veux pas d’enfants ? », s’interroge Pauline, 17 ans. « Est-ce qu’on me demandera toute ma vie ‘c’est pour quand ?’, est ce qu’on sera triste pour moi, est ce que seulement quelqu’un comprendra mon choix ? Je veux pouvoir être moi sans devoir me justifier, sans devoir expliquer ceci ou cela. Les femmes ont des milliers de possibilités supplémentaires par rapport à l’époque de nos grands-mères. Mais c’est un monde d’hommes qui a créé ces cases et qui nous enferme là-dedans comme des animaux dans un zoo« , écrit-elle dans sa lettre.
« C’est aussi se promener dans la rue et entendre des remarques sur ma jupe ou mes jambes ou mes seins. C’est se faire draguer alors qu’on n’a rien demandé. C’est se faire traiter d’allumeuse parce qu’on n’a pas envie de coucher ou de Ste Nitouche. Être une femme en 2021, c’est ne pas savoir où on va, avoir peur de se tromper, d’être malheureuse, de rater sa vie. Avoir peur de ne pas être une vraie femme. Et ne même pas savoir ce que c’est une vraie femme », embraye une autre jeune femme du Collège.
« Je les admire, en secret »
D’autres préfèrent simplement dire merci à certaines de leurs modèles. « A toi, celle à qui je dois tout. Celle qui m’a donné la vie et continue de l’embellir et de l’enrichir chaque jour un peu plus. Je te dis merci », écrit cette élève. « Rien de plus précieux dans une vie qu’une maman qui est par ailleurs, une femme exemplaire. C’est dans ses yeux que se trouve mon bonheur ».
« Il y a 3 semaines, elle a fermé les yeux », écrit une autre jeune, qui a perdu sa maman, victime d’un cancer. « J’ai eu le temps de lui dire au revoir, j’ai eu le temps de lui dire que je l’aimais, qu’elle était la meilleure personne et la meilleure maman du monde entier. J’espère que de là-haut, elle est fière de moi. Ou que, en tous cas, elle me sourit. Elle me manque pour toujours, chaque minute, chaque seconde. C’est mon modèle, mon exemple, mon étoile ».
Dans les lettres reçues figurent aussi certains messages envoyés par des hommes. C’est le cas de Mathias qui, par ce courrier, voulait s’exprimer au sujet des femmes. « Elles ont l’air parfaite », commence-t-il. « Elles passent des enfants à des jeunes filles comme si c’était facile. Elles doivent subir nos gestes lourds, nos propos déplacés, nos blagues débiles, nos commentaires sur leurs corps ou leurs cheveux ou leurs têtes et elles ont l’air de nous aimer quand même. Je ne voudrais pas être une femme mais je les admire, en secret. Elles sont bien plus fortes que nous ».
Des lettres poignantes. Félicitations à toutes celles et ceux qui ont écrit cela. Des messages fondamentaux, qu’il faut véhiculer, encore et encore, pour que, finalement, les choses changent. Un petit pas, peut-être. Mais l’important, c’est la taille de la trace qu’on laisse, pas celle de la chaussure qu’on porte.
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