Le projet de business center à Hannut continue de diviser les candidats des élections. Retour sur leurs échanges lors du Grand Débat du 27 septembre dernier.

En 2021, la Ville de Hannut dévoilait un projet ambitieux: la construction d’un business center regroupant une salle culturelle, une bibliothèque, un cinéma et potentiellement… un hôtel. Un projet colossal qui, en réalité, fait écho à près de 30 ans de réflexions autour d’une infrastructure culturelle majeure pour la ville.

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Cependant, une question demeure: Hannut peut-elle vraiment assumer un tel projet ? À l’approche des élections communales, les candidats semblent divisés sur la faisabilité et la pertinence de ce projet. Ils se sont tous positionnés sur ce sujet lors du Grand Débat du vendredi 27 septembre.

« Il y a une demande et y a une attente »

Pour Pascale Désiront-Jacqmin, candidate de la liste Les Engagés pour Hannut, « ça fait déjà 24 ans, voire 30 ans qu’on parle de cet outil-là. » Elle estime que « ce projet doit voir le jour, peut-être pas, certainement pas, sous cette législature », car il reste encore beaucoup à créer. Cependant, elle souligne que « nous avons six ans en tout cas pour faire un beau projet culturel », qui répondra à une demande et à une attente.

La Ville a déjà acheté le terrain pour le futur business center, situé en face de l’Intermarché. La ville mise sur un partenariat public-privé et a déjà bouclé certaines tractations à ce niveau. Selon la tête de liste des Engagés, la Ville de Hannut n’a pas les moyens d’assumer un tel projet seule: « Il faut être réaliste, […] je pense que le secteur privé sera un acteur sans doute incontournable. »

Néanmoins, elle précise qu’il appartient à la Ville de « voir la proportion du privé par rapport à l’apport public » et de décider comment gérer l’espace. Elle insiste sur le fait que ce projet doit être « bien réfléchi » et que les acteurs culturels, ayant soumis une carte blanche il y a quelques mois pour réclamer une plus grande considération, doivent être concertés pour créer un projet qui leur convienne au mieux.

Enfin, elle considère que ce projet sera véritablement celui de la législature à venir, car la culture est un enjeu crucial, notamment pour son aspect intergénérationnel et inclusif. « [La culture] est toujours une politique qui est sous-financée partout », argue-t-elle. Elle conclut en affirmant qu’il est essentiel de prendre le temps de dialoguer avec tous les acteurs et de créer un espace qui réponde « aux besoins des Hannutois. »

« Le business plan n’est pas encore créé »

La candidate de Hannut pour Tous, Sandrine Volont, n’est pas réticente au projet de business center à Hannut, même si elle souligne qu’il n’y a pour l’instant rien de réellement concret concernant le business plan et la collaboration entre le secteur public et privé. Pour elle, le dialogue entre les acteurs est primordial: « Il faut vraiment discuter avec les acteurs qui vont occuper cette infrastructure-là. »

Hannut pour Tous semble marquer de l’intérêt pour le projet, mais aussi de préoccupations quant à sa réalisation. Sandrine Volont conclut d’ailleurs son propos en disant: « On ne sait pas encore à quoi ça va ressembler. »

« La culture doit se faire au sein des villages »

Pour Johan Volont, candidat de Hannut Ecolo, ce projet soulève plusieurs questions: « Qui va gérer ? Qui va payer la note ? », s’interroge-t-il sur notre plateau. Il craint aussi que cela ne dénature la culture locale: « On ne va pas se retrouver avec une culture locale. On va se retrouver avec une culture où on fait venir des artistes […] extérieurs à Hannut. […] Ce n’est pas une salle qui va être dédiée aux artistes locaux« , a-t-il ensuite pesté.

Il ajoute: « Je ne vois pas la troupe théâtrale de Thisnes jouer devant 800 personnes. […] Je leur souhaite, mais je crois que quand on est acteur ou dans une troupe amateur, on préfère jouer 7-8 fois devant 50 ou 100 personnes que de jouer une fois devant 400 personnes. »

Bien qu’il ne soit pas contre le projet, il estime qu’il aurait fallu consulter les parties prenantes avant d’avancer dessus.« On n’a pas pris la peine d’abord de consulter et de dialoguer avec tous les acteurs locaux », regrette Johan Volont.

Ecolo « prône plutôt une culture dans les villages pour créer le lien social ». Il estime donc qu’il faut investir dans les salles déjà existantes dans les villages et dans le matériel nécessaire pour faire vivre ces lieux (sono, éclairages). En outre, il redoute que cette nouvelle salle ne génère « une culture extérieure », ce qui n’est pas forcément négatif, mais il estime que « les deniers publics de la ville doivent d’abord être investis pour nos acteurs culturels locaux. »

Enfin, il note qu’avec de nombreuses salles à Huy, Waremme, etc., il sera difficile de rendre la salle de Hannut rentable, ce qui lui fait craindre l’explosion de l’addition finale, au frais des contribuables.

« Avoir un outil culturel à Hannut est important »

Pour Manu Douette, actuel bourgmestre et candidat de la Liste du Mayeur, « la culture est multiple » et créer un nouvel espace culturel n’empêche pas de faire vivre la culture au sein des villages. Il souligne également que la ville soutient déjà le monde associatif et culturel à travers des subsides et le transport du matériel des troupes locales. Ce projet s’inscrit dans une démarche visant à poursuivre le développement de la culture, notamment du Centre Culturel: « Avoir un outil culturel à Hannut est important », juge en effet le mayeur.

Concernant le partenariat public-privé, il précise qu’il sera défini selon le cahier des charges de la ville convenu avec les acteurs du monde culturel: « Ce n’est pas le privé qui gère tout de but en blanc. » Il rappelle que le terrain est communal et que des subsides provinciaux seront injectés dans ce projet. Pour rassurer le monde culturel, il assure: « Nous allons vous écouter. Aidez-nous à mettre le curseur. Que voulez-vous faire de cette salle ? […] Il faut se projeter. » L’idée est de consulter les acteurs culturels pour définir à quoi ressemblera la culture à Hannut dans 15-20 ans.

Il indique aussi qu’il existe des partenaires privés intéressés par cette collaboration, mais qu’ils attendent une chose pour co-construire le projet: connaitre les exigences précises des pouvoirs publics. Cependant, il précise que « sans partenariat public-privé, il n’y a personne qui veut financer une salle culturelle. La Fédération Wallonie-Bruxelles est complètement désargentée. » Le secteur privé constitue donc la seule issue pour faire aboutir ce projet.

Le replay du Grand Débat est à retrouver sur notre page Facebook Radio Compile.