Il utilise le jeu vidéo de Microsoft pour renforcer la collaboration et intégrer des éléments essentiels de la matière. Un projet original.
Pour être un bon professeur, il faut parfois faire preuve d’imagination. David Nyssen, professeur d’informatique au Lycée de Hannut et de bureautique au Collège Sainte-Croix de Hannut, l’a bien compris. Il a ainsi surpris ses élèves en leur annonçant qu’ils allaient désormais apprendre sur Minecraft, l’un des jeux vidéo les plus populaires au monde.
Ces cours, qu’il met en place pour des élèves de 2ème et 4ème secondaires, sont donnés dans une édition éducative du jeu vidéo. L’annonce aux élèves a fait l’effet d’une petite bombe. « Ils ont un peu halluciné », nous raconte fièrement David Nyssen, qui leur a expliqué le plan juste avant les vacances de Noël. « Ils ne comprenaient pas. Ils étaient hyper excités. Ils ont cru que c’était un rêve, une Fake News. Ils ont été très surpris », nous précise-t-il ensuite.
Lundi, de retour des vacances, les élèves ont pu profiter de leur première séance, longue de 4 heures. Et là, c’est leur professeur qui a eu droit à une très belle surprise.
Un monde à part
Concrètement, David Nyssen a fait appel à Technocité, situé à Hornu, qui propose la Minecraft Education Academy dans notre pays. Ce sont eux qui l’ont formé au jeu, qu’il ne connaissait pas bien. « Je le trouvais graphiquement archaïque, mais je voyais que les étudiants en parlaient en classe et pendant les récréations », nous confirme-t-il sans se cacher. Il y a vu une occasion de les motiver.
Il a découvert un jeu vidéo aux possibilités infinies, mais avec des fonctions éducatives. Pas de violence, bannie du mode, mais toutes les forces du jeu: architecture, construction, travail collaboratif, monde ouvert et donc une possibilité créative infinie, ou presque.
Le principe est simple: partout dans le monde, des médias, des associations, des écoles ou des particuliers peuvent créer des mondes et les ouvrir aux écoles. Ces mondes sont vastes et permettent de se plonger dans une époque particulière (monde romain avec des bâtiments d’époque, monde sous-marin, monde mathématique pour comprendre l’informatique etc). Ils ne sont accessibles que quand le professeur le décide, rendant impossible leur accès à la maison, par exemple.
David Nyssen a profité de la puissance de cet outil pour lancer deux activités avec ses élèves. « J’ai d’abord montré un monde qui revenait sur l’insécurité sur les réseaux sociaux », raconte le professeur. « Les élèves étaient réunis dans des équipes de 3 ou 4 et devaient résoudre des énigmes pour trouver un bon mot de passe, détecter un mail frauduleux ou éviter une arnaque importante », précise-t-il.
Dans la deuxième partie du cours, ils ont dû collaborer à la construction d’une petite ville. « J’ai élu un maire dans la classe », sourit David Nyssen. « C’était lui qui gérait. Il demandait aux groupes de construire une école, une banque, un parc, des routes. Ils avaient des consignes sur l’architecture à respecter et des paramètres à remplir. Ils ont dû réfléchir en matière de transport, de sécurité, d’infrastructures… », nous raconte-t-il.
Résultat: un cours hyper interactif et parfois, de solides révélations chez les élèves.
Un boost de confiance
David Nyssen a découvert, en une seule activité, que certains élèves jusqu’ici un peu en retrait avaient là l’occasion de s’affirmer. Une véritable bouée pour certains.
« J’ai récupéré des élèves qui étaient en décrochage scolaire », nous précise-t-il. « Les élèves ont été hyper disciplinés. Ils étaient très à l’écoute et ont bien repéré tous les avantages pédagogiques possibles. J’ai des élèves plus timides qui se sont révélés. Ils connaissaient le jeu et avaient donc un leadership en profitant de leur expérience », raconte-t-il, touché par ce changement de cap.
Pour le professeur de bureautique, il ne faut pas sous-estimer l’importance de ces nouveaux outils. « Pour les élèves, c’est une bouffée d’air. Ils peuvent sortir de classe, ils sont dans un autre état d’esprit. Il faut profiter de leur motivation pour leur proposer des choses de ce genre, c’est génial pour eux« , nous confirme-t-il. Il compte d’ailleurs proposer à certains élèves qui connaissent très bien le jeu de devenir des ambassadeurs, pouvant ainsi former les autres étudiants, mais aussi le professeur, pour favoriser le développement du groupe.
Il affirme d’ailleurs que Minecraft pourrait être utile dans de nombreuses matières. En sciences, par exemple, il est possible de se plonger dans un laboratoire et de faire des expériences impossibles à tenter dans une classe. En Français, on peut apprendre la puissance de la langue et des mots dans un monde interactif.
Convaincus de cela, des professeurs de sciences et de français envisagent d’ailleurs eux aussi, au Collège, de passer sur le jeu vidéo de temps en temps. David Nyssen, lui, n’en abusera pas, mais s’en servira. « Chaque semaine, je fais 20 minutes de Minecraft en fin de cours pour leur montrer autre chose. Ils adorent », nous précise le professeur.